Publié : 19 décembre 2015 à 8h50 par Anthony MARSAIS
Chéméré : quinze ans de réclusion criminelle pour le meurtrier de Nicolas André
Il a reconnu avoir tué volontairement son copain. L'avocate générale avait réclamé une peine plus lourde.
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La cour d'assises de la Loire-Atlantique a condamné vendredi E.C. à quinze ans de réclusion criminelle pour le "meurtre" de son ami Nicolas André, qui avait été tué de plusieurs coups de couteau en mars 2013 dans la salle municipale de Chéméré après une soirée passée sous l'emprise de l'alcool et du cannabis.
Les jurés ont également prononcé un suivi socio-judiciaire de trois ans - comprenant une injonction de soins - à l'encontre de l'accusé, qui s'exposera à quatre ans de prison supplémentaires s'il venait à ne pas s'y plier. Vingt ans de réclusion criminelle avaient été requis plus tôt dans l'après-midi par l'avocate générale à l'encontre de E.C..
Dans ses réquisitions, Fabienne Bonnet avait par ailleurs salué "l'opiniâtreté" et "la grande qualité de l'instruction" du procès de la présidente de la cour d'assises, qui avait fait reconnaître la veille à E.C. qu'il n'avait pas agi par "légitime défense", comme il le prétendait jusqu'alors. "Le seul tort de la victime, c'est d'avoir dit quelques mots désagréables", a ajouté l'avocate générale, alors que l'accusé aurait été traité de "connard" par sa victime.
L'avocate générale a expliqué qu'elle n'avait pas requis le maximum légal à l'encontre de l'accusé - qui encourait trente ans de réclusion criminelle - en raison de sa "personnalité" et de ses "fragilités". "Son immaturité a probablement facilité le passage à l'acte, mais elle n'excuse pas son acte", a-t-elle insisté.
"DECLENCHEMENT DE FUREUR"
L'avocate d' E.C. avait également insisté, dans sa plaidoirie, sur le côté "introverti", "discret" et "sombre" de son client, qui tranchait singulièrement avec celui "solaire", "jovial" et "blagueur" de la victime. Le "déclenchement de fureur" de l'accusé aurait pu se produire après que Nicolas André lui ait dit qu'il allait "finir tout seul", lors d'une dispute.
Mercredi matin, les jurés avaient déjà découvert l'enfance "mouvementée" d'E.C., un élève "turbulent" frappé par son père alcoolique, et qui a arrêté l'école en 3e après avoir été exclu de son collège. L'adolescent a alors commencé à passer ses journées à "jouer à la console", "prendre l'apéritif" et "fumer des joints" avec des amis.
Le jeune homme, qui habitait Chauvé avant son incarcération, a par la suite alterné petits boulots - notamment à la laiterie de Saint-Père-en-Retz - et formations. Il avait notamment suivi une "formation théorique de trois jours" pour devenir fossoyeur. "Je voulais faire un métier qui sorte de l'ordinaire", avait-il expliqué aux jurés.
L'accusé ne donnera finalement pas suite à des possibilités de recrutement, ne se considérant "pas assez qualifié" pour cet emploi. Il avait néanmoins réfuté toute "attirance par rapport à la mort", comme lui avait suggéré la présidente.
Par la suite, ce passionné de jeux vidéo a envisagé un temps de devenir "armurier" dans l'armée, "histoire de manipuler les armes et d'apprendre le métier", mais aussi par fascination par les "snipers", ces tireurs isolés. L'enquête a également démontré qu'il était détenteur d'un sabre et d'une dague. "Pour moi, ça n'a aucun rapport : ça ne fait pas de moi un fou des armes", s'était défendu l'accusé, qui confesse par ailleurs être attiré par les chevaliers du Moyen-Âge.
E.C. a également reconnu avoir eu "une période gothique", où il écoutait "Marilyn Manson, Nirvana ou du heavy metal". Il avait ainsi affiché sur son profil Facebook la citation latine "Si vis pacem, para bellum" ("Si tu veux la paix, prépare la guerre"), citation qui a donné son nom au Parabellum, un pistolet du fabricant d'armes allemand DMW./GF (PressPepper)
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