Publié : 7 janvier 2016 à 7h03 par Anthony MARSAIS
Coup de feu et coups de couteau dans un bar à chicha à Nantes : le footballeur renvoyé en prison
Le prévenu nie les faits. Il a pourtant été condamné malgré l'absence de témoignages. Dans cette affaire, c’est l'omerta qui a régné.
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Un jeune de 22 ans du quartier Malakoff a été condamné mercredi à quatre ans de prison, dont deux avec sursis, pour avoir asséné une douzaine de coups de couteau et tiré avec un pistolet dans le genou d'un voisin, le 10 décembre 2014 à Nantes, lors d'une bagarre dans un bar à chicha de la rue du Maréchal-Joffre.
Le prévenu, E.T., qui est par ailleurs footballeur au Nantes Bela Futsal (D1), sera en outre soumis à une mise à l'épreuve de deux ans à sa sortie de prison, et aura interdiction de détenir une arme pendant cinq ans. Cet animateur socioculturel, qui a déjà fait neuf mois de détention provisoire, a été renvoyé derrière les barreaux à l'issue de son procès.
Outre son coup de feu dans le bar à chicha, il lui était également reproché d'avoir débarqué moins d'une heure plus tôt chez la mère de la victime, accompagné de deux jeunes et armé d'un pistolet, puis d'avoir fouillé dans les affaires de son fils.
A l'audience, E.T. s'est toutefois présenté comme un élément "modérateur" ce soir-là de ses deux compagnons, qui étaient selon lui "très énervés". Il se serait saisi de l'arme de l'un d'eux précisément "pour qu'il ne se passe rien".
La visite du trio a été toutefois "suffisamment perturbante", comme l'a fait remarquer le président du tribunal correctionnel de Nantes, pour que la mère de famille déménage peu après avec ses enfants dans les Côtes d'Armor. "Dites bien à votre fils que je suis armé, et que je reviendrai", lui aurait-il également lancé avant de partir.
UNE OMERTA "DESAGREABLE"
"Au moins cinq ans de prison", dont un avec sursis et une mise à l'épreuve de trois ans, avaient ainsi été réclamés par la substitut du procureur de la République. La représentante du ministère public voulait également que quatre mois supplémentaires, qui avaient été initialement prononcés avec sursis dans une autre affaire, soient révoqués.
L'enquête - ouverte pour une "tentative d'assassinat" finalement requalifiée en simples "violences aggravées" - n'a toutefois pas permis d'établir le mobile de l'agression. La victime elle-même n'a pas voulu nommer son agresseur, et les policiers ont reçu des "témoignages téléguidés" de proches du prévenu tentant tenté maladroitement de l'innocenter...
Les investigations sur la téléphonie, qui auraient permis de confondre le prévenu, avaient également tourné court : les enquêteurs s'étaient aperçus, un peu tard, s'être trompés en recopiant son numéro de mobile.
"Cette omerta est désagréable, mais ce n'est pas parce que personne ne veut parler que vous devez condamner mon client", avait ainsi lancé Me Steeve Ruben, l'avocat du prévenu. "Vous devrez le relaxer, non pas parce qu'il est innocent, mais au bénéfice du doute : il n'y a pas d'éléments suffisants pour le condamner."
Le tribunal correctionnel de Nantes a finalement jugé que son comportement était "d'une gravité très importante", mais que son agression n'était pas préméditée : c'est la victime elle-même qui était allée à sa rencontre, dans le bar à chicha de la rue du Maréchal-Joffre, après avoir su qu'il avait débarqué peu de temps avant chez sa mère./GF (PressPepper)
Ecoutez Maître Steeve Ruben, avocat de l'accusé. Il revient sur l'omerta qui a régné dans cette enquête.
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