Publié : 9 octobre 2015 à 7h57 par Anthony MARSAIS

Nantes : sept gérants de salons de beauté jugés pour des épilations interdites

Un salon de beauté peut-il pratiquer l'épilation à la lumière pulsée ? Médecins et gérants de salons s'affrontent sur la question devant le tribunal de Nantes.

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Sept gérants de salons de beauté ont été jugés jeudi pour "exercice illégal de la profession de médecin", pour avoir pratiqué des épilations à la lumière pulsée en dépit d'un arrêté ministériel de janvier 1962, qui les contraint à ne pratiquer que des épilations "à la pince ou à la cire" et réserve le reste aux médecins.


 


Le parquet a requis à leur encontre une amende de 4.000 € avec sursis pour les personnes physiques, 8.000 € avec sursis pour leurs sociétés, mais surtout la confiscation du matériel pour celles qui continuent cette activité prohibée.


 


Ces six femmes et un homme, qui exercent à Nantes, Carquefou et Rezé, ont d'ores et déjà prévenu qu'une telle décision les contraindrait à licencier une partie de leurs esthéticiennes.


 


"Tous les autres pays européens autorisent les esthéticiennes à pratiquer ces épilations", a ainsi affirmé l'avocat d'une prévenue. "Cet arrêté de 1962, totalement obsolète, ne vise qu'au maintien d'un monopole médical sur des actes à visée esthétique... 4.000 esthéticiennes pratiquent cette technique quotidiennement ; si c'était dangereux, cela se saurait !"


 


DES "JAMBES BRULEES"


 


"Je pensais sincèrement être dans mon bon droit quand je me suis lancée dans cette activité", a ainsi témoigné la gérante d’un centre de beauté installé à Nantes. "A l'époque, on faisait face à un démarchage commercial très intense de la part des fournisseurs d'appareils, mais aussi à une demande très forte des clientes : si on ne leur en proposait pas, elles partaient à la concurrence, chez d'autres instituts de beauté qui étaient équipés."


 


Cette commerçante de 37 ans a également affirmé "ne pas avoir eu la moindre brûlure" chez ses clientes, à qui elle demande au préalable l'accord de leur dermatologue. "Certaines ont eu des jambes brûlées, avec des incapacités temporaires de travail allant jusqu'à vingt jours", rétorque pourtant Me Karim More, avocat de la Fédération nationale syndicale de Médecine esthétique et Anti-Âge (FNSMEA), qui s'est constitué partie civile contre les esthéticiennes.


 


Écouter Des dangers avec la lumière pulsée en salon ?


 


Un franchisé d'un institut à Rezé, a lui découvert l'épilation à la lumière pulsée  "lors d'un voyage en Espagne". "Comme je me croyais Européen et que j'étais au chômage, je me suis lancé dans cette activité, sans savoir qu'elle était interdite en France", témoigne cet habitant de La Grigonnais de 46 ans.


 


Celui-ci, qui réalise à présent "80 %" de son chiffre d'affaires avec cette technique, a dénoncé au passage "l'hypocrisie" de la profession médicale dans ce bras de fer. "Dans ma clientèle, j'ai beaucoup de médecins et d'infirmières, qui trouvent eux-mêmes cette situation parfaitement ridicule", a-t-il déclaré au tribunal.


 


LA RESPONSABILITE DES FOURNISSEURS ET DES FRANCHISEURS


 


"Un médecin qui nous forme à cette technique est même adhérent à la FNSMEA, le même syndicat qui nous attaque aujourd'hui", a renchéri une de ses co-prévenues. "Ces médecins me font penser à ces chasseurs qui élèvent des faisans, pour mieux les abattre à l'ouverture de la chasse", résume Me Jean-Michel Pollono, l'avocat d'une autre.


 


"Il y a clairement un enjeu économique" reconnait  Me Karim More, l'avocat de la FNSMEA, qui a réclamé aux prévenues lors du procès 3.000 € de dommages et intérêts et 1.000 € pour ses frais de justice.


 


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Celui-ci a également soulevé la responsabilité des fournisseurs d'appareils et des franchiseurs de ces instituts de beauté, qui se montrent bien souvent silencieux sur l'interdiction légale faite aux esthéticiennes de pratiquer ces épilations.


Le conseil de l'ordre des médecins de la Loire-Atlantique, également partie civile dans l'affaire, s'est lui contenté de demandé 1 € symbolique de dommages et intérêts. Le tribunal correctionnel de Nantes, qui a mis sa décision en délibéré, rendra son jugement le 3 décembre prochain./GF (PressPepper)


 


 


 


 


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