Publié : 26 février 2016 à 7h32 par Anthony MARSAIS
Saint-Nazaire : l'octogénaire avait été abusé deux fois en deux ans par deux démarcheurs indélicats
Le grenier avait été isolé une première fois en 2011. Un entrepreneur indélicat a jugé qu'il méritait d'être à nouveau isolé en 2013. Plus de 5 000 euros de travaux pour un homme de 85 ans vulnérable...
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Un entrepreneur de 28 ans a été condamné jeudi à deux mois de prison avec sursis et 1.500 € d'amende par le tribunal correctionnel de Nantes, pour un "abus de faiblesse" commis sur un octogénaire de Saint-Nazaire en octobre 2013.
Ce gérant d’une entreprise de rénovation avait convaincu un retraité, âgé à l'époque de 85 ans et décédé quelques mois plus tard, de faire 5.500 € de travaux d'isolation dans son grenier. Le vieil homme avait pourtant déjà fait isoler ses combles deux ans auparavant, après avoir été victime une première fois de démarcheurs peu scrupuleux !
"J'ai bien vu que c'était un monsieur qui n'était plus tout jeune... C'est d'ailleurs pour ça que je lui ai fait signer un chèque d'acompte", a reconnu à l'audience l'entrepreneur, qui avait posé 162 kg de ouate de cellulose chez son client.
"LE RETRAITE ETAIT INCAPABLE DE DIRE QUEL JOUR DE LA SEMAINE ON ETAIT"
Les facultés intellectuelles du vieil homme étaient pourtant "considérablement affaiblies", a pointé l'avocat de sa fille, qui s'était constituée partie civile en qualité d'héritière. Un médecin qui avait examiné l'octogénaire de son vivant avait en effet conclu à une "démence modérée" en lien avec ses troubles cardio-vasculaires et sa consommation d'alcool, et à une "vulnérabilité apparente et décelable" : la victime était incapable de dire quel jour de la semaine on était.
"Ce n'est pas courant de voir une même personne âgée victime de deux démarcheurs différents", a convenu le procureur de la République dans ses réquisitions. "Les policiers se sont d'ailleurs interrogés sur un éventuel lien entre les deux, pour savoir si le premier n'avait pas tuyauté le second sur l'état de faiblesse de cette personne âgée."
L'ENTREPRENEUR DEVRA TOUT REMBOURSER
Le représentant du ministère public a également relevé les méthodes commerciales "curieuses" de cet entrepreneur de Sainte-Luce-sur-Loire, qui avait encaissé un premier acompte de 10 % avant la fin du délai légal de rétractation de sept jours. Le jeune homme avait également justifié devant les enquêteurs son choix de cibler dans l'annuaire des personnes aux prénoms anciens, par le fait que "des "Kévin" n'ont pas les moyens de payer des travaux d'isolation"...
"On a un peu le sentiment que mon client prend pour tout le monde dans cette histoire", a regretté pour sa part son avocate. "Ce vieux monsieur a certes été victime une première fois d'une société condamnée à multiples reprises par votre juridiction, mais ce n'est pas du tout le cas de celle de mon client !".
Ce dernier devra finalement rembourser les sommes dues, 600 € supplémentaires de dommages et intérêts et 600 € de frais de justice - alors que la partie civile réclamait 1.500 € de dommages et intérêts et 800 de frais de justice./GF (PressPepper)