Publié : 1er avril 2016 à 6h59 par Anthony MARSAIS

Hospitalisée à Blain, l'octogénaire se fait délester de 250.000 € par son héritière

Le tribunal a requis de la prison avec sursis. La décision sera rendue dans deux mois.

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Dix-huit mois de prison avec sursis et une amende de 8.000 € ont été requis jeudi à l'encontre d'une ancienne coiffeuse de 62 ans, jugée par le tribunal correctionnel de Nantes pour avoir détourné entre 2009 et 2012 près de 250.000 € des comptes d'une amie internée au centre hospitalier spécialisé (CHS) de Blain.


Le parquet a aussi réclamé douze mois de prison avec sursis et 5.000 € d'amende pour l'ancien amant de M.R., un homme âgé aujourd'hui de 55 ans, qui s'était notamment acheté une Corvette C6 avec l'argent de cette octogénaire touchée par la maladie d'Alzheimer.


Le procureur de la République veut également que l’homme soit interdit d'exercer sa profession d'agent immobilier pendant cinq ans : il aurait délibérément sous-estimé le prix de vente de la maison "amiantée" et "non chauffée" de la victime, dans le quartier Bellevue à Nantes, pour faire une culbute financière de 50.000 € en l'espace de trois mois...


Les deux anciens amants devraient aussi, selon le représentant du ministère public, être soumis à une mise à l'épreuve de deux ans, au cours desquels ils auraient obligation d'indemniser la vieille dame - toujours vivante, à ce jour, mais qui est dans un état "démentiel" - s'ils ne veulent pas que leur peine avec sursis soit transformée en emprisonnement ferme.


Enfin, trois mois de prison avec sursis ont été réclamés par le procureur de la République à l'encontre du fils de l'ancienne coiffeuse, qui avait fait financer l'achat de sa Mégane cabriolet avec l'argent de cette patiente de 88 ans.


BIJOUX, PARFUMS ET IMPOTS


L'enquête avait démarré après que la direction du centre de soins de l’Isac à Blain, se soit étonnée que les frais d'hospitalisation de la victime n'aient pas été réglés. Les soupçons s'étaient alors dirigés vers la prévenue, une amie de cette ancienne gardienne d'immeuble décrite comme "avare" et n'ayant pas d'enfants, dont elle avait fait son héritière.


M.R. - qui avait cessé de rendre visite à l'octogénaire depuis fin 2010, mais qui lui avait fait signer une procuration générale - continuait en effet de prendre son chéquier pour régler ses séances de numérologie, faire ses emplettes chez des bijoutiers ou des parfumeurs, régler le loyer de son salon de coiffure ou encore payer ses impôts. L'enquête avait également permis d'établir qu'elle avait acheté, avec cet argent, une Mercedes ou une Peugeot 206.


A l'audience, cette habitante de Sautron a rejeté la responsabilité sur son ancien amant, qui s'est décrit pour sa part comme un "passionné de voitures". "J'étais tombée amoureuse de cet homme, qui disait toujours être dans le besoin... J'ai été très naïve", a-t-elle dit. "J'ai été très heureuse, au final, d'avoir été arrêtée."


UN "ESPRIT DE LUCRE AVERE"


En attendant, l'octogénaire, ruinée, doit désormais compter sur l'aide sociale du Département pour vivre. "Le plus scandaleux, c'est que c'est la collectivité qui a dû prendre le relais", s'exaspère ainsi le procureur. "Le comportement de madame n'était pas celui d'une héritière aimante, mais d'une personne avec un esprit de lucre tout à fait avéré."


Le tribunal correctionnel de Nantes, qui a mis son jugement en délibéré, rendra sa décision dans deux mois./GF (PressPepper)


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