Publié : 11 mars 2016 à 8h29 par Anthony MARSAIS

La fonderie de Soudan condamnée pour son quatrième accident mortel

Le directeur écope d'une amende, l'entreprise également. Quatre salariés sont décédés à la fonderie en l'espace de 11 ans. Le dernier, très expérimenté, était surnommé "le professeur".

RCA
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La Fonderie et Mécanique Générale Castelbriantaise (FMGC), basée à Soudan, a de nouveau été condamnée jeudi pour "homicide involontaire", après l'accident du travail qui avait coûté la vie le 27 février 2013 à Bruno Zentkowski, un ouvrier de 51 ans qui avait été écrasé par une pièce de six tonnes.

 

L'entreprise a écopé pour cela de 30.000 € d'amendes de la part du tribunal correctionnel de Nantes, et son directeur G.T. de 4.000 € d'amendes à titre personnel. Le père de la victime recevra pour sa part 25.000 € de dommages et intérêts, son frère Olivier 15.000 € et son neveu et filleul 8.000 €.

 

Les juges ont en effet considéré qu'il y avait eu un "manque de consignes" dans la fonderie pour prendre en charge ces pièces, dont la manipulation était réputée en interne "complexe" et "pénible". Ils ont également tenu compte du fait que la Carsat et l'inspection du travail avaient déjà lancé plusieurs mises en garde, par le passé, à la direction de la FMGC.

 

Cet accident mortel est en effet le quatrième en onze ans pour cette entreprise qui emploie 300 personnes, dont 220 à la fabrication des contrepoids pour les engins de manutention (grues, chariots élévateurs...). Cette circonstance lui a donc valu d'être poursuivie par le parquet pour des "violations manifestement délibérées" de ses obligations de sécurité.

 

UN OUVRIER "SERIEUX" ET "CONSCIENCIEUX"

 

Surnommé "le Professeur", Bruno Zentkowski était pourtant expérimenté, puisqu'il travaillait depuis six ans en équipe de nuit. "Il était sérieux, compétent et connaissait cette pièce depuis des années", regrette G.T.. "C'était quelqu'un de méticuleux et consciencieux, qui vouait sa vie à son travail", confirme l'avocat de sa famille, Me Jean-Michel Pollono.

Écouter Jean-Michel Pollono

 

Ce célibataire, dont le métier consistait à poncer et polir les pièces avant qu'elles ne soient peintes, avait malgré tout été écrasé par cette lourde pièce, qui avait inexplicablement basculé en dépit de la présence d'une cale. Sa moëlle épinière avait été "tranchée net" au niveau du cou par la chute du contrepoids, qui s'était produite en l'absence de tout témoin.

 

Le patron de la fonderie de Soudan, qui connaît là son troisième accident mortel depuis qu'il est aux commandes, a rappelé pour sa part au tribunal qu'une "certaine liberté" était laissée à ses employés pour "organiser leur poste". Mais depuis cet accident, il "impose" l'utilisation d'une cale métallique pour empêcher le basculement de ces contrepoids.

 

Un "comité de pilotage" sur les questions de sécurité se réunit aussi "toutes les cinq à six semaines", a souligné G.T., en plus des séances habituelles du Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT). Il a quand même invoqué une certaine forme de fatalité, en raison de "la nature de l'activité" de son entreprise. "Même les plus petites pièces, qui pèsent 500 kg, sont mortelles", a rappelé le président du directoire de la société anonyme.

 

CONDAMNEE LA SEMAINE DERNIERE

 

Mais "il n'y a pas de sécurité dans cette entreprise : mon fils me l'a dit maintes et maintes fois", a répliqué Léon Zentkowski, le père de l'ouvrier décédé, à la barre du tribunal correctionnel de Nantes.

 

"Ce n'est pas aux employés de s'adapter à leurs conditions de travail", a aussi appuyé le procureur de la République, qui avait demandé 25.000 € d'amendes pour la société et 4.000 € pour son directeur. Il avait également requis trois mois de prison avec sursis envers G.T., avant de "franchir un cap" dans l'échelle des peines prononcées à son encontre.

 

Il y a tout juste une semaine, la FMGC avait déjà été condamnée par le tribunal correctionnel de Nantes, dans la même salle d'audience, à 9.500 € d'amendes.

 

Cette peine faisait suite à l'accident du travail dont avait été victime le 27 mars 2014 une de ses employées, violemment heurtée au niveau de la cheville par un chariot élévateur. Gérard Thuet avait pour sa part écopé, ce jour-là, de 2.000 € d'amendes./GF (PressPepper)


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