Publié : 13 mai 2016 à 7h13 par Anthony MARSAIS
Le dealer qui arrosait le pays d'Ancenis fait tomber sa mère, sa compagne et son demi-frère
Le principal acteur du trafic écope de deux ans et demi de prison ferme. Bénéficiaire du RSA, il roulait en Audi S3.
Sept hommes et trois femmes ont été condamnés jeudi par le tribunal correctionnel de Nantes à des peines allant de huit mois avec sursis à deux ans et demi de prison ferme, pour avoir pris part à un vaste trafic de drogues (héroïne, cocaïne, cannabis, ecstasy...) dans le pays d'Ancenis en 2014 et 2015.
La peine la plus lourde a été prononcée à l'égard d'A.J., un jeune homme de 28 ans accusé par le parquet d'être à la tête de "la pyramide" de revendeurs et de consommateurs. Ce propriétaire de deux Audi S3, bénéficiaire du RSA et ayant déjà été condamné vingt-quatre fois, aurait engrangé plus de 210.000 € de bénéfices en l'espace de dix-huit mois.
Son demi-frère de 22 ans J.F., autre acteur important de ce trafic, a lui aussi été maintenu en détention à l'issue du procès par le tribunal correctionnel de Nantes : il a écopé d'un an de prison ferme. Mais, compte-tenu de sa détention provisoire et des crédits automatiques de réduction de peine, il devrait être bientôt remis en liberté.
La compagne d'A.J., M.C., a elle été condamnée à un an de prison avec sursis : cette ancienne héroïnomane de 25 ans a reconnu avoir stocké et transporté des drogues pour le compte de son compagnon.
Leur mère de ce dernier, S.F., a elle écopé de huit mois de prison avec sursis pour "complicité" : elle aussi avait stocké chez elle des stupéfiants, et avait accepté d'importantes sommes d'argent liquide de son fils aîné après qu'il se soit servi de sa carte bancaire pour régler ses péages autoroutiers lors de ses voyages en Belgique et aux Pays-Bas.
"FOURMILIERE PARTICULIEREMENT MALSAINE"
"Je n'ai jamais su dire non à mes enfants, c'est mon erreur", a dit à l'audience cette femme de 60 ans, dont les voisins s'étaient plaints des incessantes allées et venues autour de sa maison. "En plus, je n'avais pas les combinaisons de leurs coffres-forts, je ne pouvais pas savoir ce qu'il y avait dedans... J'étais d'ailleurs un peu étonnée, quand je l'ai su."
"Je reconnais lui avoir causé des ennuis, je m'en veux et je m'en voudrais toute la vie", s'est excusé à ce sujet son fils aîné, qui avait été interpellé le 9 juin 2015, comme plusieurs autres co-prévenus. Les perquisitions menées à La Chapelle-Saint-Sauveur, Varades, Ingrandes, Chalonnes-sur-Loire et Saint-Macaire-en-Mauges (Maine-et-Loire) avaient alors permis aux gendarmes de découvrir d'importantes quantités de drogues, du matériel de pesée et de conditionnement, des pistolets semi-automatiques ou encore des Taser.
S.B., un habitant de La Chapelle-Saint-Sauveur jugé aux côtés de son frère J.D., a ainsi dit lui avoir dépensé l'intégralité de ses 25.000 € de bénéfices "dans des jeux de grattage au PMU" et en alcool. S.N., 27 ans, revendait lui les drogues via le "darknet", un réseau internet parallèle et sécurisé, où prolifèrent les activités illégales.
"On n'est pas sur un trafic de gens misérables, qui seraient esclaves d'autres personnes... Leurs bénéfices étaient tout à fait colossaux", a ainsi appuyé le procureur de la République dans ses réquisitions. "Il était temps que la gendarmerie donne un coup de pied dans cette fourmilière extrêmement malsaine." Le magistrat a plus particulièrement reproché à la mère d'A.J. de "favoriser la toxicomanie de ses enfants en fermant les yeux sur ce qu'il se passe chez elle".
Pratiquement tous les prévenus seront obligés de suivre des soins et de rechercher activement du travail pendant deux ans, s'ils ne veulent pas voir leurs peines avec sursis complémentaires - qui vont de dix à dix-huit mois - transformées en prison ferme. Le tribunal a aussi ordonné la confiscation des voitures, de l'argent et des armes saisis dans cette affaire./GF (PressPepper)