Publié : 28 juin 2016 à 19h24 par Hélène Hamon

Nantes : le gendarme qui avait placé une balise sur la voiture de son couple relaxé

A Nantes, cet homme de 49 ans était suspecté d'avoir posé une balise GPS sur la voiture de sa femme. Il a été relaxé.

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Un ancien commandant par intérim de la brigade de recherches de Nantes a été relaxé lundi du délit de "collecte de données personnelles par moyen frauduleux", alors que le parquet lui reprochait d'avoir posé une balise GPS sur une voiture de son couple à l'insu de sa femme, avec qui il était en instance de divorce.

 

Cet homme a également été relaxé par le tribunal correctionnel de Nantes du délit de "détournement de bien public" : il est apparu que le traqueur n'appartenait en fait pas à la gendarmerie, mais qu'il lui avait été en réalité prêté par "un copain" rencontré dans le cadre du travail - qui l'avait autorisé à l'utiliser "à des fins personnelles ou professionnelles".

 

En attendant, ce gendarme - qui se décrit volontiers comme "atypique" - s'est dit "broyé" par ces poursuites judiciaires, sur lesquelles sa hiérarchie s'est d'ores et déjà appuyée pour prononcer sa mutation "dans l'intérêt du service" dans une brigade locale, après vingt ans passés en police judiciaire.

Cette affectation - qui a également contribué à ce qu'il perde la garde de ses filles devant le juge aux affaires familiales - résulte selon lui des "petits arrangements" entre le commandement de la gendarmerie et le parquet, la plainte de son ex-femme servant de "prétexte" pour appliquer une rotation des effectifs à laquelle cette "forte tête" est réfractaire.

 

"PEUR DE LA MEDIATISATION"

 

L'homme - qui contestait depuis le début avoir commis le moindre délit dans l'histoire - avait ainsi déjà refusé d'être jugé lors d'une précédente comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC), une audience dite de "plaider-coupable" en partie à huis-clos, comme le lui avait pourtant imposé le parquet de Nantes "par souci de discrétion". Sa hiérarchie avait également "peur de la médiatisation" de la plainte de son ex-femme, affirme le mis en cause.

 

L'enquête à son encontre avait en fait démarré après que sa femme ait été intriguée par un de leurs échanges de SMS, à l'été 2014 : après lui avoir indiqué qu'elle était bien arrivée avec leurs deux filles sur leur lieu de vacances en Bretagne, sans préciser lequel, il lui avait en effet répondu "Bonnes vacances à Trébeurden"... Elle avait alors alors conduit sa Citroën DS 3 chez un garagiste, qui avait découvert le traqueur caché au niveau de l'essieu arrière gauche.

 

A l'audience, le 18 mai, cet adjudant de 49 ans avait expliqué vouloir en fait récupérer à tout prix cette voiture, qu'il avait achetée un an auparavant à sa femme en guise de "réconciliation", et dont il continuait de payer les traites : leur couple ayant à nouveau du plomb dans l'aile, il s'était décidé à la revendre pour financer son déménagement.

 

Son ex-femme refusait toutefois de lui remettre clés et carte grise, qui était au nom du prévenu. Elle faisait également en sorte de la garer à tout moment dans un parking à enclos, auquel elle seule avait accès.

 

"EN DESESPOIR DE CAUSE"

 

Le gendarme avait donc fait poser la balise GPS "en désespoir de cause", après "six mois de négociations sans résultat", pour savoir à quel moment la Citroën DS 3 serait dans la rue, pour qu'un garagiste de sa connaissance vienne "réencoder" sur place la clé de démarrage. "Je voyais mon ex-femme partir au ski et faire des cures de thalasso dans le Sud-Ouest... Je ne voulais pas que la voiture décote trop vite", avait expliqué à l'audience le militaire.

 

L'ancien commandant de la brigade de recherches de Nantes s'était par ailleurs défendu de toute "filature" clandestine : il disait avoir trouvé par hasard l'adresse de vacances de son épouse, en allumant l'ordinateur de la maison familiale. Une "restauration de la dernière session d'utilisateur" avait fait apparaître l'adresse de Trébeurden sur le site Mappy.

 

"Au moins quatre mois de prison avec sursis" avaient néanmoins été requis à l'audience contre l'ancien commandant de la brigade de recherches de Nantes, que les "boeufs-carottes" de l'Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN) avaient comparé au commissaire lyonnais Michel Neyret devant certains protagonistes de l'affaire.

 

"Ce n'est pas de gaieté de coeur que le ministère public requiert aujourd'hui contre quelqu'un qui a donné toute satisfaction dans le cadre de son service", avait déclaré pour sa part le procureur de la République. "Mais il a manifestement dérapé, dans le cadre d'un conflit privé extrêmement banal devant nos juridictions."/GF 


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