Publié : 22 janvier 2016 à 7h54 par Anthony MARSAIS
Nantes : une société informatique traînée en justice par 164 clients mécontents
Le tribunal correctionnel de Nantes a jugé jeudi deux hommes et une femme pour "abus de biens sociaux", "escroquerie" et "pratiques commerciales trompeuses", dans une affaire qui a fait 164 victimes entre début 2009 et fin 2010, selon le parquet.
F.M., 44 ans, gérait à l'époque la société M Numeric, une entreprise nantaise qui proposait des produits multimédias et des abonnements internet. Il comparaissait aux côtés de sa compagne V.R., poursuivie elle pour "recel" et avec qui il vit aujourd'hui à Millau, et d'H.J., l'un de ses bras droits, qui habite quant à lui à Carquefou.
Après avoir démarché des clients potentiels par téléphone, des commerciaux de sociétés franchisées – présentées comme "des sociétés écrans" de M Numeric par le parquet - se déplaçaient en effet chez eux en Loire-Atlantique, en Gironde et dans les Bouches-du-Rhône, essentiellement en zone rurale, où les accès à la Télévision numérique terrestre (TNT) et internet étaient limités.
Ces commerciaux restaient quelques fois jusqu’à quatre heures pour vendre des packages "Télévision + abonnement internet + parabole" ou encore des ordinateurs. Les contrats pouvaient monter jusqu’à 4.000 €, financés à crédit, à des prix pouvant être "quatre fois supérieurs" aux produits actuels. M Numéric prétendait également avoir des partenariats avec les marques Samsung et Sony, ou le groupe Canal + - ce qui a incité ce dernier à se constituer partie civile.
Les prévenus ont notamment justifié ces tarifs par la "qualité du service après-vente" fournie et par les prestations offertes, mais les plaignants ont avancé des écarts entre les services promis et ceux rendus (pannes rapides, problèmes pour joindre le SAV, techniciens pas habilités à monter sur les toits pour installer les paraboles…).
Les directions départementales de la protection des populations de Loire-Atlantique, Gironde et Bouches-du-Rhône avaient alors été alertées de ces faits, avant que M Numeric ne soit placée en liquidation judiciaire en septembre 2010.
F.M. est également soupçonné de s’être versé des rémunérations excessives alors que son entreprise était en difficulté, et d'avoir effectué deux virements depuis les comptes de sa société à l'entreprise de dépôt-vente de piles et ampoules de sa compagne.
Le procureur de la République a réclamé 30 mois de prison avec sursis et mise à l’épreuve pour l'ancien gérant de M Numeric, et dix-huit mois de prison avec sursis pour sa compagne et son ancien bras droit.
Le tribunal correctionnel de Nantes, qui a mis son jugement en délibéré, rendra sa décision le 17 mars prochain./FH (PressPepper)