Publié : 26 octobre 2015 à 19h49 par Anthony MARSAIS

Tony Meilhon échappe à la rétention de sûreté après la mort de Laëtitia Perrais

L'assassin de Laetitia Perrais est condamné à la perpétuité mais parvient à éviter la mesure de rétention de sûreté.

RCA
Crédit : - La cour d'appel de Rennes a rendu son verdict peu avant 20 heures ce lundi.

La cour d'assises d'appel d'Ille-et-Vilaine a condamné lundi soir Tony Meilhon à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une peine de sûreté de vingt-deux ans, mais sans rétention de sûreté, pour avoir tué et démembré Laëtitia Perrais en janvier 2011 près de Pornic.

 

En juin 2013, la cour d'assises de la Loire-Atlantique avait prononcé cette rétention de sûreté, tout comme l'avocat général en appel. Mais cette disposition controversée instaurée sous la présidence Sarkozy - qui permet de maintenir une personne en détention à l'issue de sa peine, si elle est encore jugée dangereuse - n'a pas été prise par les jurés rennais, à la grande satisfaction de Me Fathi Benbrahim, l'avocat de Tony Meilhon, dont c'était le principal objectif.

Écouter M. Benbrahim avocat de T. Meilhon

 

Celui-ci a ainsi annoncé que son client n'allait probablement pas intenter de pourvoi en cassation, comme il l'avait pourtant dit avant que les juges ne partent délibérer, s'il venait à être condamné pour le démembrement du corps de l'adolescente, qu'il impute à un soi-disant complice. "Je n'accepterai pas de payer pour ce crime", avait-il justifié. "Si vous ne me croyiez pas, je raconterai la vérité dans un livre, dont l'intégralité des bénéfices sera reversée à la famille."

 

Plus tôt dans la matinée, l'avocat général Stéphane Cantero avait toutefois supplié les jurés de ne pas croire les "salades" et "fables" de Tony Meilhon, notamment sur l'implication de ce prétendu "complice".

 

Le représentant du ministère public avait également dressé le portrait d'un "psychopathe sévère", à la fois "mégalomaniaque", "égoïste" et "intolérant à la frustration". L'avocat général a aussi raillé les "pseudo-tentatives de suicide" et les "pseudo-voix" que cet "expert de la manipulation" aurait entendues en détention.

 

UN HOMME "EN CHASSE"

 

Stéphane Cantero avait également rappelé que l'accusé était ce soir-là un homme "en chasse", en quête d'une relations sexuelle, et que ses traces de liquide séminal avaient été retrouvées dans la bouche de Laëtitia Perrais. "Laëtitia a fait une fellation à Tony Meilhon, mais on ne sait pas si celle-ci était consentante", a-t-il ajouté. "On sait juste qu'elle s'est rebellée, qu'elle s'en est prise à lui... Peut-être qu'elle l'a menacé de porter plainte. Il a, en tous cas, senti le danger."

 

L'accusé aurait en effet été considéré par la justice comme en situation de récidive, puisqu'il avait déjà été condamné par le passé pour avoir imposé deux fellations à un jeune co-détenu et l'avoir sodomisé avec un manche à balai.

 

"Je suis persuadé, M. Meilhon, que Laëtitia était la première de la série, mais que que son sacrifice a permis d'éviter de nouvelles victimes", a lancé l'avocat général à l'attention de l'accusé.

 

"On nous avait promis la vérité, on nous a imposé un tissu de mensonges indigestes", avait également critiqué Me Benoît Poquet, l'avocat de Franck Perrais, le père de Laëtitia, avant les réquisitions du ministère public. "J'ai l'impression que Tony Meilhon tire de ce procès et de sa médiatisation une forme d'auto-satisfaction nauséabonde."

 

Me Fathi Benbrahim, l'avocat de l'accusé, avait de son côté mis le crime de Tony Meilhon sur le compte des "toxiques" (alcool et cocaïne) qu'il avait ingérés juste avant. Il avait également insisté sur son enfance difficile et son "mauvais beau-père" pour solliciter la clémence des jurés, qui étaient partis délibérer peu après 15h30.

 

Pour rappel, la mort de Laëtitia Perrais avait provoqué à l'époque une levée de boucliers du monde judiciaire, après que le président de la République Nicolas Sarkozy ait remis en cause le suivi socio-judiciaire de Tony Meilhon. L'accusé devait en effet faire l'objet d'un suivi par un travailleur social, après sa dernière condamnation pour "outrage à magistrat". Mais celui-ci n'avait pu en réalité être mené, en raison de la surcharge de travail de ces services spécialisés.

 

 

 

 

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